L’IA se banalise chez les cadres, mais la formation reste à la traîne
Une adoption rapide dans le quotidien professionnel
L’intelligence artificielle générative n’est plus un sujet de niche. Selon une récente étude de l’Apec menée auprès de 2 000 cadres et 1 000 entreprises, son usage s’est rapidement intégré au quotidien professionnel.
Les chiffres sont parlants :
- 35 % des cadres utilisent des outils comme ChatGPT, Copilot ou Gemini au moins une fois par semaine
- 12 % s’en servent quotidiennement
- 56 % en parlent ouvertement à leur hiérarchie
Ces données confirment ce que beaucoup constatent déjà sur le terrain : l’IA générative s’installe durablement dans les routines de travail, en particulier pour gagner du temps, améliorer la qualité ou explorer de nouvelles idées.
Mais derrière ces bons signaux d’adoption, un constat plus préoccupant émerge : l’usage se développe sans cadre ni accompagnement structuré.
Une adoption inégale selon les profils
L’étude révèle des écarts significatifs selon l’âge et le statut hiérarchique :
- Les moins de 35 ans sont les plus à l’aise : 35 % en font un usage hebdomadaire
- Chez les 55 ans et plus, ce chiffre tombe à 26 %
- Du côté des fonctions, 42 % des managers utilisent l’IA chaque semaine, contre 30 % pour les cadres plus opérationnels
Ces différences montrent une fracture progressive entre les profils qui s’approprient l’IA… et ceux qui restent à l’écart, souvent faute de formation ou de temps pour explorer ces outils.
L’illusion de la compétence
Ce qui est problématique, ce n’est pas l’usage lui-même — c’est la croyance qu’un usage spontané suffit.
Aujourd’hui, l’immense majorité des cadres qui utilisent l’IA l’ont appris seuls, par essais et erreurs. Ils testent des prompts, s’inspirent de leurs pairs, explorent quelques fonctionnalités… mais sans réelle méthode ni cadre professionnel.
Conséquences :
- une sous-exploitation du potentiel des outils
- des résultats parfois incohérents ou superficiels
- une perte de temps masquée par l’effet nouveauté
- une difficulté à faire monter l’ensemble d’une équipe en compétence
Former à l’IA : une urgence stratégique
L’IA ne remplace pas le travail des cadres, mais elle le transforme en profondeur. Et cette transformation ne peut être efficace que si elle s’accompagne d’un plan de formation structuré, accessible et orienté métier.
Former, ce n’est pas simplement expliquer ce qu’est l’IA. C’est :
- apprendre à bien poser les bonnes questions à un outil comme ChatGPT
- savoir identifier les cas d’usage pertinents
- structurer sa pensée pour obtenir des réponses exploitables
- sécuriser les usages dans le respect du cadre juridique et des données
Conclusion
L’IA est là. Elle est utilisée. Et c’est une bonne nouvelle.
Mais pour qu’elle tienne ses promesses de productivité, d’innovation et de qualité, il faut passer de l’intuition à la maîtrise.
La formation n’est plus une option.
C’est la condition pour faire de l’IA un levier réel et non une simple expérimentation isolée.